Oppidum d'Ensérune

Nissan-lez-Ensérune, Hérault


 

L'oppidum d'Ensérune établi sur une colline allongée domine l'ancien étang de Montady, entre Béziers et Narbonne. Le plateau, naturellement défendu par de fortes pentes, est occupé à partir du milieu du VIe s. av. n. è., puis sans discontinuité jusqu'au Ier s. de n. è.

Le premier village, limité à l'acropole (autour du Musée actuel), est fait de maisons en clayonnage sur poteau dont on ne retrouve que les aires d'implantation. Ces restes sont rares et dispersés et l'on ignore en fait la forme et l'organisation de cet état primitif. Il est possible néanmoins qu'un rempart ait existé à cet endroit dès le milieu du Ve s. av. n. è.

Une urbanisation en dur se développe ensuite à partir de la fin du Ve s. Dans la partie la plus anciennement construite, l'acropole et ses abords, on retrouve le principe ancien consistant à accoter une rangée de cases au rempart, la façade étant longée par une rue (insula V) ; mais dans d'autres secteurs, l'îlot voisin de la fortification en est séparé par un passage (insula VI). Des quartiers mis en place principalement aux IIIe-IIe s. sont plus larges, et illustrent la mise en œuvre d'îlots doubles avec mur médian, dans lequel on reconnaîtra le soutien probable d'une faîtière commune à plusieurs maisons. Ces quartiers à double rangée de salles, qu'on reconnaît au centre de l'acropole (insula I, II et peut-être III), sont très allongés, rares étant les communications transversales. D'autres îlots agencés de la sorte sont présents immédiatement à l'ouest (insula XIII) et dans les secteurs les plus récemment urbanisés, à l'extrémité occidentale (insula VII).

Les rues ont des dimensions variables, la tendance étant à l'élargissement progressif ; leur sol, ordinairement stabilisé par de l'argile et du cailloutis, pouvait être partiellement dallé dès une époque haute, les cas se multipliant dans les dernières phases. Si globalement le plan d'Ensérune témoigne d'efforts successifs de rationalisation de l'ordonnance urbaine, intégrant au mieux le passé architectural, on est loin cependant d'obtenir le plan ""hippodamique" qu'y voyait Jean Jannoray$.

La nécropole d'Ensérune, qui s'étend à l'ouest de la colline sous les strates d'une extension récente de l'habitat, a livré plusieurs centaines de tombes exclusivement à incinération, datées du milieu du Ve s. à la fin du IIIe s. av. J.-C, qui ont mis en évidence des associations de mobiliers très diverses. Ainsi les objets métalliques, parure et armement, souvent d'origine ou d'inspiration laténienne, mais aussi ibérique ou locale, se trouvent réunis à des productions de céramiques grecques, italiques, ibériques et indigènes, marquant ainsi une société largement ouverte aux influences extérieures mais ayant conservé ses références culturelles propres.