Oppidum d'Entremont

Aix-en-Provence


 

L'oppidum d'Entremont, situé en bordure d'un plateau dominant la ville d'Aix, est créé dans les dernières années du IIIe s. av. n. è. : il s'agit alors d'une agglomération de plan trapézoïdal ne dépassant pas un hectare (habitat 1), munie d'un rempart avec des tours carrées et lotie selon un plan d'urbanisme particulièrement régulier, sous la forme d'un quadrillage d'îlots semblables.

Vers le milieu du IIe s. ou peu avant, ce premier établissement est agrandi vers le nord et vers l'est (habitat 2) : sa surface est quadruplée et un nouveau rempart, beaucoup plus puissant et renforcé au nord par des tours à angles arrondis, entoure complètement le plateau. Les quartiers rajoutés sont tout aussi compacts que les précédents mais plus vastes et plus complexes. Ils sont composés de maisons aux plans diversifiés, parfois à cour, parfois à étage, voisinant avec des installations artisanales.

Cet état est détruit par une attaque militaire vers 125 av. n. è. qui a laissé des boulets de catapulte. Cette agression a été mise en relation avec la conquête romaine de la Provincia, qui vit en 123 la victoire du consul Sextius Calvinus contre les Salyens et la création, au pied d'Entremont, de la colonie d'Aquae Sextiae (Aix-en-Provence). Après une réoccupation de peu d'ampleur, une seconde destruction est définitive : elle est datée des environs de 100 av. n. è., dans une période troublée où les Salyens, à nouveau révoltés, sont mâtés encore une fois par l'armée romaine.

Il est très probable qu'Entremont correspond à la capitale des Salyens dont nous parlent les historiens antiques, même si quelques chercheurs ont douté de cette localisation qui reste la plus logique, compte tenu de la création d'une colonie militaire au pied même de l'oppidum dévasté. Aussi peut-on se référer à ces auteurs grecs et latins (Strabon, Diodore de Sicile, Tite-Live, Appien) pour connaître les conditions de la prise de la ville, la fuite du roi Toutomotulus chez les Allobroges, la vente aux enchères de la population, mais aussi la grâce accordée à un certain Craton et à neuf cents de ses partisans pro-romains, ceux-là même qui, peut-être, reconstruisirent l'habitat et le réoccupèrent pendant une génération encore.