La Cougourlude
Lattes
Le site de la Cougourlude, à Lattes, se développe sur les deux rives d'un ancien cours d'eau, la Lironde, à quelques centaines de mètres de son embouchure dans la lagune, à un point de franchissement par une voie est-ouest d'origine protohistorique. Des vestiges dispersés du Bronze final IIIB et du début du premier âge du Fer (VIIe s. av. n. è.) témoignent d'occupations de faible ampleur comparables aux "terramares" melgoriens. L'habitat se fixe durablement à partir du début du VIe s. av. n. è. et connaît un essor spectaculaire durant la seconde moitié de ce siècle. Par son étendue, estimée à environ 17 hectares, ce village protohistorique est l'un des plus vastes de la région. La fouille, menée sur trois hectares, a révélé près de 2000 structures en creux : fosses, bâtiments sur poteaux, foyers, silos, fossés… Dans son organisation et dans la forme de ses aménagements, l'habitat conserve des caractères traditionnels, avec principalement des cabanes sur poteaux porteurs. Il se distingue cependant par une ample enceinte à fossé, qui barre la vallée et remonte sur le plateau dominant le site à l'est (zone des "Hauts de Lattes"). La forte proportion de mobilier d'importation traduit une participation active aux réseaux commerciaux. Une implantation privilégiée, au carrefour de voies fluviale, maritime et terrestre, explique certainement ce développement économique: la Cougourlude constitue, dès le deuxième tiers du VIe s., un point de débarquement des marchandises méditerranéennes, principalement grecques et étrusques, une place d'échange et de consommation. Ce village-comptoir préfigure ainsi le rôle du port de Lattara, fondé vers 500 av. n. è. Les deux agglomérations, fort différentes d'aspects, distantes de moins d'un kilomètre, coexistent durant quelques décennies avant l'abandon de la Cougourlude vers 475 av. n. è., suivi vers 450 de celui du secteur de Mas de Causse où l'on a repéré des restes à caractère cultuels. Le site connaît de nouveaux aménagements à la période romaine, relevant pour l'essentiel du domaine funéraire. Un mausolée particulièrement luxueux est édifié à la fin du Ier s. av. n. è. puis démantelé dès la période romaine, et ses pierres utilisées dans d'autres constructions. Le lieu conserve néanmoins sa vocation funéraire, puisqu'à la fin du IIIe s. ou début du IVe s. de notre ère, un petit cimetière y est installé. | ![]() |